Bien qu’identifié comme priorité nationale, le besoin de contraception moderne non satisfait reste élevé au Bénin

Moins d’une femme sur 10 pratique une méthode de contraception moderne

D’après une nouvelle étude publiée aujourd’hui par le Guttmacher Institute et l’Association Béninoise pour le Marketing Social et la Communication pour la Santé, membre du réseau Population Services International, beaucoup de Béninoises désireuses d’éviter une grossesse ne pratiquent pas la contraception moderne. Les chercheurs constatent que, depuis 2012, un tiers des femmes mariées et la moitié de celles célibataires sexuellement actives présentent un besoin non satisfait de contraception. Ces niveaux représentent une hausse considérable par rapport à 2006, lorsque 27% des femmes mariées et 35% des célibataires sexuellement actives présentaient un tel besoin.

L’analyse des données des Enquêtes démographiques et de santé 2006 et 2011-2012 révèle la faiblesse de la pratique contraceptive moderne au Bénin : 14% des femmes seulement pratiquent la contraception, moderne pour 9% d’entre elles.

 

 

Les femmes invoquent à cet égard diverses raisons, variables suivant le sous-groupe. Dans l’ensemble, la peur des effets secondaires et les préoccupations de santé, de même que l’opposition à la contraception, sont les principaux arguments donnés à l’encontre de la contraception moderne. Parmi les femmes célibataires, toutefois, le fait même de n’être pas mariées est le motif le plus courant. Peu de femmes invoquent généralement le manque d’accès, bien qu’il s’agisse d’un obstacle restant pour environ un dixième des femmes rurales et de celles des ménages plus pauvres.

« Il est essentiel, si l’on veut répondre à l’important besoin de contraception non satisfait dans le pays, d’élargir le conseil complet à la planification familiale, y compris en ce qui concerne les effets secondaires possibles », déclare Sophia Chae, chercheuse scientifique principale au Guttmacher Institute et auteure principale de l’étude. « De plus grands efforts doivent aussi être déployés pour encourager les partenaires à communiquer sur la question de la planification familiale et à agir sur le résultat de leur dialogue. »

Le gouvernement a inscrit parmi ses priorités nationales l’accroissement de la pratique contraceptive moderne à 20% d’ici 2018. L’encouragement de cette pratique aidera les femmes et les couples à limiter leur famille au nombre d’enfants idéal qu’ils désirent. En moyenne, les Béninoises ont actuellement un enfant de plus qu’elles ne le souhaitent et les naissances non planifiées sont assez fréquentes, atteignant 19% entre 2007 et 2012.

Comme les raisons de ne pas pratiquer la contraception moderne varient suivant la situation économique et matrimoniale, les chercheurs préconisent, pour atteindre l’objectif du gouvernement, la levée des obstacles auxquels certains groupes de femmes se trouvent confrontés.

La recherche antérieure du Guttmacher Institute révèle que la réduction du besoin non satisfait de contraception moderne dans le monde en développement offre un potentiel de productivité et de revenu accrus pour les femmes, ainsi que de plus grandes économies au niveau des ménages. La réponse positive à ce besoin non satisfait des Béninoises peut aussi aider les femmes et les couples à ne pas avoir plus d’enfants qu’ils ne le désirent et, en fin de compte, favoriser une vie plus saine.

Le nouveau rapport, « Obstacles à la pratique contraceptive des femmes au Bénin », par Sophia Chae et al., est accessible en ligne.

Cette publication a bénéficié d’une sous-subvention de Population Services International en vertu du fonds Choix et Opportunités du ministère néerlandais des Affaires étrangères.