Conférence régionale africaine sur l’avortement : de la recherche à la politique - Déclaration de la conférence

Reproductive rights are under attack. Will you help us fight back with facts?
Addis-Abeba, Éthiopie

Au cours de la dernière décennie, les femmes africaines ont fait des progrès vers une plus grande égalité des sexes, une plus grande sécurité financière et un plus grand accès aux soins. Les femmes ont occupé des positions de leadership et de gouvernance dans des forums internationaux, des bureaux nationaux et au sein des communautés. Les jeunes femmes et jeunes hommes africains ont fait davantage entendre leur voix pour soutenir l'égalité des femmes.

Mais à travers la région, des femmes et des jeunes filles se voient encore refuser la possibilité de contrôler leur vie reproductive. Dans de nombreux endroits, les services de santé reproductive, notamment d'avortement sécurisé, ne sont pas accessibles, en particulier pour les femmes jeunes, pauvres, réfugiées, sans éducation et en milieu rural. Les raisons sont nombreuses et incluent des restrictions juridiques, le coût et la stigmatisation culturelle. Cette stigmatisation s'étend aux prestataires de santé qui ainsi peuvent ne pas fournir de services d’avortement.

En Afrique, plus de huit millions de femmes ont recours à l'avortement chaque année, dont beaucoup sont non sécurisés. Chaque année, environ 1,6 million de femmes sont traitées pour des complications d'avortement non sécurisé, et des milliers de plus souffrent de complications, mais ne bénéficient pas du traitement dont elles ont besoin. En raison de ces nombreux avortements non sécurisés dans la région, environ 16 000 morts maternelles par an sont dues à un avortement non sécurisé. Les conséquences de l'avortement non sécurisé pour les femmes et leur famille, ainsi que pour la société dans son ensemble, sont significatives et durables.

Environ 90% des Africaines en âge de procréer vivent dans des pays où les lois sur l'avortement sont restrictives. Même quand la loi permet l'avortement dans certains cas, peu de femmes, notamment les victimes de violences sexuelles, sont en mesure de suivre le parcours nécessaire pour accéder à une procédure sécurisée et légale.

Des progrès ont été observés au cours de la décennie passée et continuent d'être réalisés. Certains pays africains sont en train de réformer leurs lois sur l'avortement. Le corps de recherches plausibles a augmenté et nous en savons plus sur l'ampleur et les conséquences de l'avortement non sécurisé. Nous en savons plus sur le parcours des femmes et des adolescentes pour obtenir un avortement, ainsi que sur la stigmatisation et les attitudes qui entourent cette pratique. Et nous en savons plus sur le coût de l'avortement non sécurisé pour les femmes et leur famille et pour les systèmes de santé, ainsi que les coûts associés aux services complets de contraception et d'avortement sécurisé.

Nous - à savoir plus de 260 chercheurs, défenseurs, décideurs et bailleurs - nous engageons à développer et diffuser les données probantes, puis à agir en conséquence et appelons d'autres à faire de même. En outre, les lacunes qui subsistent en matière de données probantes doivent être comblées. Notre programme de recherche et d'action à venir en Afrique se concentrera sur :

  • Responsabiliser les gouvernements africains pour qu'ils traitent en priorité l'élimination de l'avortement non sécurisé au cours de la décennie à venir en :
    • Appliquant les traités sur les droits humains et les accords régionaux, notamment la Déclaration d'Addis-Abeba sur la population et le développement en Afrique et au-delà de 2014 et le Plan d'action de Maputo 2016-2030, qui appellent tous deux les pays à garantir l'accès à l'avortement sécurisé dans le cadre des lois et politiques nationales.
    • Réformant les lois restrictives sur l'avortement et les politiques dépassées et en les alignant sur les dispositions de l'article 14 (2)(c) du protocole de Maputo.
    • Veillant à ce que toutes les femmes, indépendamment de leur âge, statut matrimonial, origine ethnique, situation économique et emplacement géographique, aient un accès complet à des services d'avortement et de contraception de qualité.
    • Mobilisant des ressources nationales pour les services d'avortement et offrant à toutes les femmes des informations, un counseling et une gamme complète de méthodes contraceptives modernes.
    • Soutenant le réseau de la société civile pour étendre l'accès à l'avortement sécurisé.
  • Étendre la base de données probantes pour contribuer à de meilleurs programmes et politiques, en particulier dans les pays avec des lois sur l'avortement restrictives et un taux élevé d'avortements non sécurisés, mais également dans les pays ayant assoupli leurs lois sur l'avortement. Les lacunes de recherches subsistantes concernent :
    • Mener des enquêtes nationales sur l'incidence de l'avortement, la sécurité et la morbidité, et les coûts au système de santé de l'avortement non sécurisé quand de telles études ont été effectuées.
    • Comprendre les causes profondes de la stigmatisation autour de l'avortement et les obstacles sociaux et économiques auxquels les femmes font face quand elles accèdent à l'avortement sécurisé.
    • Développer les données probantes qui participent à rendre l'avortement disponible pour toutes les femmes qui en ont besoin, en particulier l'utilisation de l'avortement médicamenteux.
    • Renforcer les données probantes concernant la prestation d'avortement par différents prestataires, comme les sages-femmes et les agents de santé communautaire.
    • Définir et évaluer les qualités cliniques et interpersonnelles des services d'avortement
    • Évaluer le système de santé et les interventions au sein des communautés pour améliorer la capacité des femmes à accéder à des services d'avortement sécurisé et de grande qualité, notamment pour les victimes de violence sexuelle et celles en situation humanitaire.
  • Faire entendre la voix des jeunes femmes dans la réforme de politique, la conception de programme et les conversations sur leurs préférences et leurs besoins.
  • Veiller à la vaste diffusion des recherches et à la promotion de leur utilisation par les décideurs politiques, les organisations de la société civile, les prestataires de santé et d'autres parties prenantes pour favoriser les politiques améliorant la qualité et la disponibilité de l'avortement sécurisé et le traitement des complications de l'avortement non sécurisé.
  • Mobiliser les ressources et l'engagement politique nécessaires au niveau national et au sein de la communauté régionale et globale pour développer des données probantes, partager les résultats et reproduire les réussites en matière de programmes et de politiques.

Quand les femmes et les filles sont en mesure de prendre leurs propres décisions en matière de santé sexuelle et reproductive, elles peuvent protéger leur santé et atteindre leurs objectifs en matière d'éducation, de procréation et de carrière. Nous nous engageons à nous rassembler en groupe d'experts partageant un engagement commun envers l’élargissement de l'accès à des services de santé reproductive de qualité, notamment d'avortement sécurisé. Nous compterons sur les femmes et les jeunes filles africaines pour qu'elles jouissent pleinement de leurs droits en matière de reproduction et réalisent leur potentiel.

Signatories:

African Federation of Obstetricians and Gynecologists (AFOG)

African Population and Health Research Center (APHRC)

Center for International Reproductive Health Training (CIRHT) Ethiopia

Centre of Excellence in Reproductive Health Innovation (CERHI) at the University of Benin, Nigeria

Ethiopian Public Health Association (EPHA)

Ethiopian Society of Obstetricians and Gynecologists (ESOG)

FEMNET

Guttmacher Institute

Gynuity Health Projects

Ibis Reproductive Health

Institut National D’Études Démographiques (INED)

International Planned Parenthood Federation, African Regional Office

Ipas

Malawi Human Rights Resource Centre

Marie Stopes International

Population Council

Women’s Health and Action Research Centre (WHARC)

Topic

Global

Geography